Jeudi 12 avril : dix heures du matin. Dans la salle du Conseil de sécurité de l’ONU, les diplomates écoutent l’envoyé spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue Arabe, Kofi Annan leur faire, via vidéoconférence un compte-rendu de sa mission.
Retour sur images : mardi 10 avril. Dans une lettre adressée aux membres du conseil, Kofi Annan déplore que le régime syrien ait choisi de ne pas respecter les engagements pris et exhorte Damas à “changer fondamentalement de ligne de conduite et à modifier de manière indiscutable son dispositif militaire. » De fait, le gouvernement syrien ne montre aucun empressement à respecter les trois premiers points du plan de sortie de crise : la cessation de ses mouvements de soldats vers des centres de population ; La cessation de l’utilisation d’armes lourdes et le début du retrait des forces militaires concentrées dans les centres de populations et alentour. » Tout se passe comme si le régime de Damas, se jouant des gesticulations diplomatiques, déplaçait ses troupes vers d’autres terrains d’action avec une détermination diabolique, tel un joueur d’échec déplaçant ses pions sur un échiquier. L’exaspération se fait sentir parmi les instances diplomatiques, celles du moins qui depuis le début de la répression demandent la fin des opérations militaires. C’est dans cet état d’esprit que le représentant français assure : « Il est évident que le gouvernement syrien n’a pas mis en œuvre les trois premières étapes du plan. »
Kofi Annan persiste et signe : « il est trop tôt pour dire que le plan a échoué. Nous nous battrons pour son application. Ce qui est nécessaire, c’est la fin de la violence, un accès illimité des véhicules humanitaires et éventuellement un retour à la table des négociations. » Il sollicite et obtient du Conseil, un sursis de 48h. La date butoir est fixée au 12 avril, six heures, heure locale. Les autorités syriennes s’engagent à respecter le cessez-le-feu et les membres de l’opposition déclarent publiquement qu’ils cesseront toute forme de violence à condition que les forces syriennes se retirent des villes. Huit heures seulement après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, des voix dénoncent déjà les violations. Trois civils auraient été tués. Un chiffre nettement inférieur comparé aux précédents. Kofi salue « le rare moment de calme que vit la Syrie depuis l’entrée en vigueur du cessez-le feu. »
Vendredi 13 avril, Ban Ki-Moon demande au Conseil d’approuver le déploiement d’une mission d’observateurs- dés que possible. L’ambassadeur syrien parade devant le micro : « Nous nous engageons à travailler avec Kofi Annan. Nous n’avons aucune objection quant au déploiement d’observateurs onusiens. Dés que la résolution sera adoptée, nous donnerons le feu vert. »
Samedi 14 avril : Le Conseil de sécurité adopte à l’unanimité la résolution 2042 qui autorise le déploiement rapide d’un premier groupe d’observateurs qui devra installer un quartier général afin que la mission puisse vérifier que la cessation des hostilités est effective. Malgré la trêve, les violences continuent, faisant au moins 12 morts.
Dimanche 15 avril : Six observateurs militaires non armés posent le pied à Damas. Ils sont les premiers d’un groupe de trente personnes qui devrait arriver dans les prochains jours.
Lundi 16 avril : De violents combats ont opposé soldats syriens et déserteurs. Les bombardements ont repris à Homs. Selon une ONG, treize civils auraient été tués. Ban Ki-moon exhorte les autorités syriennes à une « retenue maximale.
Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, quarante et une personnes auraient été tuées. Selon un diplomate onusien : « cette mission sera l’une des plus difficiles jamais entreprises par l’ONU. » Gérard Araud, le représentant français, émet des doutes sur « la réalité de l’engagement du régime, » tout comme Susan Rice, la représentante américaine : « ce regain de violence fait douter à nouveau sérieusement de la volonté du régime de respecter le cessez-le-feu. »
Dans un communiqué, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dénonce les violations commises par des opposants. La commission d’enquête se dit préoccupée par le nombre d’incidents signales depuis le cessez-le-feu du 12 avril.
Mardi 17 avril : Les violences ont repris. Le colonel marocain qui dirige la mission des observateurs admet qu’elle sera « difficile ». Pour la mener à bien, il faut en effet une coordination avec le gouvernement syrien et avec les opposants.
Kofi Annan souhaitait l’envoi de plus de deux cents observateurs –le chiffre de 250 avait été avancé-. Les membres du Conseil, qui devront voter une nouvelle résolution autorisant le déploiement de cette mission de supervision, préféreraient que les violences sur le terrain cessent totalement avant qu’une mission se rende sur place.
A Paris, Alain Juppé, le ministre français des affaires étrangères, plaide pour un renforcement des sanctions à l’égard du gouvernement syrien. « Avec des gels d’avoirs et des restrictions de visa, elles constituent un message politique fort. »
Célhia de Lavarène, Nations Unies, New York
17 avril 2012