La république du Bénin et celle d’Haïti sont liées par les liens de coopérations à la fois culturelle et historique. Ce sont deux pays frères qui s’efforcent de préserver cet héritage. Ce souci de conserver ce patrimoine riche et inestimable des deux peuples fut marqué par les liens de coopération diplomatique qui ont vu le jour entre eux. Ainsi à Cotonou comme à Port-au Prince, il existe des représentations diplomatiques de chaque pays de part et d’autre.
Ces liens de coopération sont beaucoup plus axés sur la formation de l’être, seule et unique alternative pour faire sortir tous pays de l’ornière. Joseph Ki-Zerbo renforce notre point de vue par cette pensé : « Dans l’équation du développement, l’école apparaît comme une véritable ambigüe ». Pour lui, on ne peut parvenir au développement sans une formation de qualité des cadres. Mais à nous d’ajouter que : « Cette école doit être fondée sur les réalités endogènes » car elles sont déterminantes dans l’élaboration et la réussite des plans ou politiques de développement des nations. Le développement est donc un processus relatif.
Le gouvernement béninois s’inscrit dans cette logique surtout que le Bénin demeure jusqu’à preuve de contraire, le quartier latin de l’Afrique en offrant aux citoyens haïtiens des bourses d’études. Nous en sommes à la 3ème génération. Après la génération de Jean Michel Pierre Amos alias le Sénateur ; de Fanfan CADET et de Maxi Jemmima que nous avions eu la chance et l’honneur d’approcher, vient encore une autre génération d’haïtiens au Bénin. Cela ne devrait pas paraitre étrange ou étonnant. Cette génération ci est particulière et se distingue par ses ambitions qui sont beaucoup ancrée dans les réalités culturelles.les études d’abord et notre identité culturelle par la suite. On dirait un slogan. L’haïtien est l’homme qui naturellement se fait distinguer par son essence culturelle. C’est beau de découvrir la culture haïtienne. Elle présente partout dans les grandes capitales du monde. Il serait convenant de situer le cadre dans lequel le projet qui a permis de réaliser ce spectacle à pris naissance.
Contexte « La culture est la plus grande richesse d’une nation. » disait un écrivain. La culture d’Haïti est très semblable à la culture des peuples d’Afrique. Cela s’explique et se justifie par le fait que les haïtiens sont d’origine africaine. Ils sont des descendants directs des Africains, venant de plusieurs tributs différents de ce continent. Le cas du Dahomey, l’actuel Bénin est l’un des exemples atypiques et justifiant notre présence sur cette terre très hospitalière. Cette culture ancestrale, qui est la nôtre, est un élément par lequel notre conscience se sent de plus en plus interpelée. Cette interpellation pose les problématiques suivantes : Qui nous sommes ; d’où venons-nous, qui étaient nos grands parents, et comment sont-ils parvenus à obtenir cette liberté dont nous sommes fiers et que nous vivons aujourd’hui ? Voici autant d’inquiétudes auxquelles notre culture répond. Battus, vendus et maltraités, l’histoire nous enseigne, que nous sommes des expatriés de la traite négrière venant du continent noir. Par ce voyage nous avons emporté avec nous un bagage culturel Africain, qui est toujours dominant malgré ce brassage avec d’autres peuples et cultures. Le vodoun en est une preuve incontestable. C’est fort de ce potentiel culturel de l’Afrique et surtout du Bénin, terre des aïeux des communautés haïtiennes qu’est organisé ce samedi 17 novembre 2012 le spectacle haïtiano-béninois mettant en exergue les valeurs à la fois culturelle et musicale de jeunes haïtiens (e) et de jeunes béninois (e). Ce spectacle a permis de jeter un regard croisé sur les deux cultures ancestrales qui éloignées par l’histoire coloniale se rejoignent en réalité.
Le spectacle a mis en scène de nombreuses prestations culturelles à la fois d’Haïti et du Bénin, ainsi qu’une projection d’mages du patrimoine culturel d’Haïti. Tout ceci s’est passé dans un climat très convivial poursuivant les objectifs qu’i faut élucider.
Objectifs Ce spectacle a permis de : créer un creuset de brasage culturel entre les deux peuples ; permettre à la jeunesse Béninoise d’écouter, de comprendre et s’exercer à la musique Haïtienne ; éveiller la conscience des autorités de la représentation diplomatique d’Haïti près le Bénin sur l’importance de l’organisation de manifestations culturelles haïtiennes au Benin ; contribuer au développement du secteur culturel d’Haïti et du Bénin. Pour parvenir à l’atteinte de ces objectifs, les activités suivantes ont été menées.
Activités Entre autres nous avons la danse ; le théâtre, les chants ; la musique ; les contes ; les mimes etc. Cette soirée culturelle était meublée par ces activités. Tout ceci n’a eu lieu que grâce aux efforts d’une équipe dynamique et solidaire coordonnée par le nommé PIERRE Danielot, Directeur et Coordonnateur du projet intitulé Spectacle haïtiano-béninois. Un discours était prononcé pour la circonstance devant un parterre d’augustes personnalités. Pleins de sens et porteurs de valeurs nobles Haïti-Observateur vous convie à la lecture de ce discours. Discours Pas à l’image de celui de Descartes que nous avons lu dès nos premiers pas au premier cycle du secondaire, le discours lu par Mademoiselle CASSANDRA Julie, Présidente de l’Association de la communauté estudiantine d’Haïti au Bénin est très symbolique. Il se présente comme suit : Allocution de la présidente des étudiants haïtiens au Benin. Madame la représentante de l’Ambassade d’Haïti au Benin, Monsieur le Secrétaire General de la mairie de Porto-Novo, Madame le Chef du 2ème arrondissement de Porto-Novo, Mesdames et Messieurs les distingués invités, Mesdames et Messieurs les journalistes, Chers camarades étudiants haïtiens et béninois. C’est un honneur, un privilège et une grande fierté pour la communauté des étudiants haïtiens au Benin de vous accueillir ce 17 Novembre 2012 dans cette salle, une date symbolique marquant la veille de la grande bataille décisive, dans l’histoire de notre pays l’Haïti, qui allait nous conduire à l’indépendance le 1er janvier 1804. Ainsi, j’aimerais vous demander d’accorder une minute de silence pour rendre un hommage à Toussaint Louverture, Jean Jacques Dessalines et tous ceux qui ont versé leur sang pour que les noirs puissent être traités humainement et convenablement sur cette terre. La pause d’une minute fut observée en mémoire de ces illustres personnes. Toute la communauté haïtienne est heureuse de vous dire ‘’ haitiennement’’ et ‘’béninoisement’’ : ‘’Nou kontan wèw’’, ‘’Mikuabò’’, dans ce cadre socioculturel, lequel nous met en contact direct avec les réalités culturelles de deux peuples frères, de même racine mais séparés sous le coup de la traite négrière. Quoiqu’extirpé violemment du berceau de l’Humanité, l’Afrique, le peuple haïtien reste ardemment accrocher à sa source. Et celle-ci l’alimente toujours à la liberté de l’esprit comme il a été le cas le 23 aout 1789, lors de la cérémonie du bois caïman amorçant le soulèvement général de nos ancêtres africains contre l’esclavage. Ainsi, je nous convie à découvrir, à travers les différentes interprétations, les ingrédients de nos deux cultures qui vont nous plonger dans la réalité de chacune d’elles. A cet effet, disons ensemble : Vive la culture haïtienne, vive la culture Béninoise et vive la solidarité haitiano-béninoise ! Je vous remercie ! Les propos de remerciements suscitent des séances de médiation parce que solennel était la circonstance. Nous poursuivons donc la soirée à travers une réflexion. Réflexions Cette initiative que nous trouvons noble et dont la mise en œuvre a été une réussite parfaite est à l’actif de la communauté haïtienne présente au Bénin. Elle renforce d’ailleurs les liens de coopération entre les deux pays à savoir le Bénin et l’Haïti et aiguise davantage la conscience des autorités sur les nouveaux défis auxquels doivent faire face les acteurs impliqués dans ce partenariat. La salle qui a abrité le spectacle était pleine au point où il n’y avait pas de place pour les fourmilles pour se déplacer. Difficilement nous avons sous le couvert de l’hebdomadaire HAITI-OBSERVATEUR réalisé notre couverture médiatique. Ce n’était pas désagréable encore que personne ne s’est plaint de cette foule immense qui a envahi la géante salle de spectacle de la Maison des Jeunes de Porto-Novo. Comme pour les circonstances de coopération internationale, les hymnes nationales des deux pays ont été récitées. Période émouvante et très nostalgique, à laquelle nous n’avions pas pu échapper. Egalement les sonorités des caraïbes aux cotés du compas ont fait frémir les jeunes étudiants et étudiantes présentes à ce spectacle. La date choisie pour organiser le spectacle n’était pas aussi un fait de hasard. Elle nous plonge dans l’un de nos précédents articles intitulé : L’esclavage et son parcours abolitionniste : un devoir de mémoire où nous avons montré l’importance et le rôle prépondérant qu’ont joué les peuples de Saint-Domingue, colonie française des Antilles dans la lutte contre l’esclavage. Ces esclaves noirs et affranchis ont revendiqué la liberté et l’égalité des droits avec les citoyens blancs. Cette liberté aussi chère aux haïtiens d’aujourd’hui est le fruit d’une longue lutte meurtrière menée par François-Dominique Toussaint Louverture, Jean-Jacques Dessalines, Henri Christophe, Alexandre Pétion et André Rigaud et d’autres leaders. Hommage à ces chantres et vive la coopération haïtiano-béninoise. rochkiki@yahoo.fr