SUR LA ROUTE DU CINEMA: Les enfants du pouvoir. 3ième fiction sur la politique haïtienne et le cinéma.

Les enfants du pouvoir

Nous sommes en 2025, la caméra d’un cinéaste anthropologue canadien capte tout, elle croise Frénel à Gros-Morne. Un journaliste haïtien du Maine qui visite sa ville natale. L’histoire est tellement différente de ce à quoi l’on s’attendait. Le pays a vécu autre chose que le calendrier de la dévastation prévue par celui des Mayas. Un diplomate haïtien avait réussi à réaligner le pays sur des standards perdus autrefois en Afrique. Haïti en a récupéré un. Des scientifiques cubains sont accrédités au pays pour étudier les origines d’une résistance rare trouvée chez la plus grande partie de la population. Une protéine de l’épiderme s’est révélée au cerveau comme un facteur de résistance déclenché inconsciemment par la Dr. Pétronille Azoumé. Elle a réussi par hasard, à revitaliser une mémoire chez les descendants du Haut Dahomey avec sa formule. Un dérivé de miel sauvage cultivé en milieu maraicher exposé aux UV. La partie ouest de l’île se transforme en une colonie de centres de recherches, l’île devient riche. La fille d’un ancien président américain s’y est même réfugiée pour se protéger. Elle prépare son retour, son plus grand défi c’est d’avoir un enfant, noir, le développement du fœtus permet de transmettre cette protéine à la mère. Mais elle est mariée.Les enfants du pouvoir
Le film commence avec en toile de fond les enfants de l’Empereur. Ils n’ont pas fait long feu, ils étaient noirs. Le 1ier a été assassiné au Pont-Rouge, un modeste monument fait mémoire. Les enfants de la régence ne sont pas cités, une raison principale, la République ! Cependant, la République n’a jamais été linéaire. Nous en sommes à combien d’ailleurs, en plus d’un bris impérial. Allez donc savoir ! Les archives se perdent, les traditions s’évaporent. Les sciences n’ont jamais eu l’opportunité d’étudier l’aspect chimique du cerveau d’un traumatisé par rapport à celui d’un héros du calibre du premier empereur. Il fallait garantir un état. L’essence est désormais considéré comme un artifice et le superficiel pousse l’essence vers le folklorique. Les enfants du pouvoir ne sont plus authentiques.
Un deuxième tableau va s’amorcer, les acteurs jouent leurs propres rôles. Le pays passe du costume indigène à celui européen puis, un espace frivole. L’état ne se reconnaît plus, le libéralisme ne remet la ‘’nudité’’ rigoureuse de la jupe en pagne indigène, mais celle des culottes baissées comme valeur. Qui est le gardien des valeurs dans ce pays des tropiques ? L’auteur est catégorique, de nouvelles amitiés remplacent l’héroïsme original. Il habille le moment présent seulement.
La caméra va chercher la scène par des close up pour offrir des détails apparemment insignifiants mais combien significatifs. L’éclairage est une épreuve, la scène est partagée par des images qui suggèrent la difficulté du relief composé : visage blanc, visage pâle, visage noir. La caméra suit celle du cinéaste canadien programmée en mode anthropologique. Une famille sert de cobaye, elle est en avant de scène. La descendance Mayard-Paul. Un contexte. Elle possèderait toutes les mises à jour et tous les amendements de la constitution de ce pays. L’anthropologue accuse carrément les apparences et le rejet des origines mais le cinéaste interroge autrement. La raison d’état peut-elle réclamer ou, l’état est-il sous influence ? Cette interrogation provoque un constat, les enfants du pouvoir sont aussi d’une succession, et, ceux de la technicité qui détient les codes. La morphologie change et devient norme. Il y aurait une troisième catégorie. Les écartés. Ils sont la majorité. Frénel fait partie de cette catégorie, la caméra nous transporte comme en flash back pour le montrer dans ses débuts comme journaliste dans le Maine. Une situation qui le prépare pour un voyage en 2025.
Mayard-Paul est avocat de la firme du double éponyme. Le père a légué une fortune mais l’héritage spirituel serait tellement mieux outillé que le matériel dont le partage subdivise. Une documentation convoitée par un ancien confrère du père. Un important organisme situé au Canada détiendrait la balance qui est convoitée elle aussi par des chercheurs affairistes. Celle-ci ne serait pas sans importance, elle aurait servi de fournisseur en base de données à un ancien professeur d’histoire qui s’est radicalement improvisé constitutionaliste. François Riché était documentaliste, il est catégorique, c’est lui qui a compilé toutes les données pour le professeur Moïse. C’est son éponyme mais il s’associe à l’instigateur de la République, de part le prénom du frère. Moïse. C’est ainsi dans ce pays, on s’improvise et on se croit. Il faut être important.
Mayard-Paul a compris le jeu du pouvoir mais, gérer la politique est autre chose. Il devient arrogant et, perd en estime populaire, il brise l’essence de ses ambitions. Mais attention, c’est une carte, il en reste un dans l’ombre. L’objectif serait de garder le trésor familial mais nous sommes dans un pays où l’ambition est le reflet de la démesure et de la trahison comme tradition et comme coutume. Deux frères, un cabinet et, un troisième frère dans la sécurité.
L’horizon se complique, Duvalier est revenu avec son seul héritier dans la pure tradition de cette République. C’est son fils qui en 2025, possède assez d’expériences pour récupérer ce que le père lui-même héritier d’une contre-révolution avait cru de droit. L’héritage spirituel est toujours dans la donne. L’affrontement commence à prendre forme, deux barons d’une même bourgade, il n’y a de place que pour un. Le Cartel est divisé. il y a une troisième ambition. Il avait pris son mal en patience, retranché derrière son fauteuil de sénateur, il commet des gaffes, récupère, joue du coude, mais fini par amasser une immense fortune comme tout sénateur qui se respecte sur cette île. Il s’estime prêt pour une bataille rangée en règle. Benoit ne fait plus de cadeau, il veut marquer des points pour être vu. La chasse prend chair avec des chasseurs dont l’appétit semble démesurée et imprudente, pour un seul gibier. Claude a vieilli mais du mauvais bord, elle devient courtisane mais moins révoltée que son père. Sa seule chance c’est de s’allier avec les enfants de celui qui avait enlevé toute chance définitive à son père. Les enfants Aristide sont femmes dans un pays qui a juré de ne laisser passer aucune femme aux élections, le scénario est catastrophique pour eux. Le père est ravagé par ses inconséquences. La guerre du pouvoir ne se fait de main lasse, mais de main basse. Comme disait un ancien président, <>. Le dernier, Alexandre n’est pas connu, il sort d’un mode peu apprécié même si le destin avait favorisé son père dans une certaine conjoncture, il est expatrié sous le régime de l’extraterritorialité. Comme tout bon Noir, son fils n’est pas noir. Il est malgré tout condamné à rester longtemps dehors comme ambassadeur. Sauf une conjoncture exceptionnelle ferait de lui un incontournable pour la présidence, mais cela nécessiterait une mise sous tutelle, personne n’en veut. Nous sommes partis pour une cascade politique qui implique des tableaux hors cadre, démesurés. La caméra ne suit aucune règle, il faut improviser, tout est surprise. Ce sont les enfants du pouvoir. La caméra rompt carrément l’image pour montrer ce qui se passe ailleurs, on voit partir un ambassadeur qui, ne sachant à quel saint se vouer, chercher à récupérer des anciens standards. C’est dans ce contexte que l’auteur nous transporte dans des lieux ravagés par un drôle de phénomène. L’intensité de la chaleur a fini par causer des dégâts majeurs. Le film n’est pas un film d’horreur, l’image change. Nous sommes en 2025.
Un journaliste des déçus de la double nationalité était de passage au pays pour visiter sa famille habitant à Gros-morne. Il met en place un topo pour préparer son reportage choc. Il fallait compter sur le soleil qui alimente les batteries qui éclairent la ville, ses équipements sont européens donc, pas adaptés. Le Maine ne produit plus. C’est la panique quand brusquement, il croise un cinéaste anthropologue qui se cherchait un interprète. Les deux font la paire. Les images qui se déroulent sont réelles mais font dans la fiction pure. Elles mettent en lumière certains visages cachés et d’autres dissimulés. Des vieilles pratiques sur le terrain sont remisées. La couleur de l’épiderme et du décor, dans un pays qui a pris son indépendance du racisme et des privilèges appliqués, a repris ses droits. Il faut donc voyager pour tout voir. L’aéroport principal du pays a changé d’axe, la région du Nord a pris un autre essor qui fait d’elle le principal axe économique du pays. C’est elle aussi qui contrôle l’accès à la république voisine, donc l’évolution. Le grand aéroport de cette région accueille toute la faune touristique qui est rapidement dirigée vers une zone bénéficiant d’un statut spécial mais, d’une beauté incomparable. C’est la perle de la République Hansen, le cinéaste pressent comme un retour à la scission qui pèse sur cette région qui ne supporte plus de se faire dicter par la capitale corrompue. La région est devenue une grosse plaque tournante depuis l’établissement de sa grande université. C’est de l’histoire, plus de l’anthropologie. L’analyse de Hansen confronte l’observation de Frénel. Un pour l’image, l’autre pour l’information. L’image du même terroir décalée par deux conceptions. Révolution et contre-révolution. Qui sont les enfants du pouvoir en 2025. Ce n’est plus le film de Sergio Leone, <>, mettant en vedette Ennio Morricone, un western qui met en relief la guerre. Ce serait tout simplement un rendez-vous fictif dans l’historique et sur la route du cinéma.
Vous croyez probablement cette comparaison inutile, regardez alors The Gunfighter 1964 avec Yul Brynner qui se présente comme un créole et non comme un français, vous comprendrez mieux l’importance de l’identité des enfants du pouvoir. Des vrais enfants. ! Si le cinéaste n’a posé la question suivante : 1964 c’est le pouvoir Duvalier qui a refusé Hollywood dans son rêve, pourquoi ? Les enfants du pouvoir n’a-t-il pas le devoir de répondre ! Hollywood nous a appelé depuis combien de temps que nous n’avions répondu par notre identité ! La peur viendrait-elle des enfants racistes comme un Gonzague Day qui s’est trahit en produisant une satire du même genre sur un ancien président, le traitant de diable, sur la base de la couleur de l’épiderme. Les enfants du pouvoir c’est tout simplement notre portrait, comme dirait Django : <>, nuance, j’me retire <>. Qui pourrait jouer le rôle de Mayard-Paul et Mayard-Paul ? Merci d’y croire !