Alain Juppé ne mâche pas ses mots : « Le silence du Conseil est scandaleux. Il est inacceptable que le Conseil de sécurité observe la situation sans réagir. Il est temps qu’il prenne ses responsabilités face à un peuple qui souffre. Il faut arrêter le massacre », a-t-il martelé, en réitérant que chaque Etat à la responsabilité de protéger sa population civile. Des termes repris par la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, et par William Hague, le chef de la diplomatie britannique, qui ont rappelé l’urgence de la situation et la nécessite d’agir face à une répression qui, sur le terrain, s’aggrave de jour en jour. La France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne poussent pour que le Conseil de sécurité approuve le projet de résolution présenté par le Maroc qui reprend les grandes lignes du plan de sortie de crise présenté par la ligue arabe.
Le texte appelle le président syrien à transférer “toute son autorité à son vice-président », en vue d’opérer une transition démocratique, et prévoit à terme, des élections libres et transparentes sous supervision « arabe et internationale. Dans une tentative d’apaisement à l’égard de Moscou et de Pékin, la résolution souligne que « rien n’impose aux Etats de recourir à la force ou à la menace de l’usage de la force ».
La réponse de Sergey Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, ne s’est pas faite attendre : « Moscou ne demandera pas à Assad de démissionner. Il n’appartient pas aux autres de s’ingérer dans les affaires de la Syrie. »
Les jeux sont loin d’être faits. La Russie, alliée traditionnelle de Damas, a exclu toute négociation sur un texte qualifié d’« inacceptable » et qui, s’il était voté, conduirait à « une guerre civile » en Syrie. Pendant ce temps, Moscou continue de lui fournir des armes. A ce jour, la répression aurait fait, d’après l’ONU, au moins 5400 morts. Des centaines d’enfants -350 selon l’UNICEF- auraient été torturés et assassinés. 15000 personnes auraient été emprisonnées et il y aurait quelques 15000 refugiés.
Célhia de Lavarène, Nations Unies, New York
1 fev. 2012