Monsieur Gervais DJONDO vous êtes le Président du Conseil d’Administration de ASKY Airlines, la nouvelle compagnie aérienne africaine qui a inauguré ses vols en janvier 2010. Cette inauguration a eu lieu après plusieurs années au cours desquelles vous avez mobilisé intelligences et expériences pour concevoir et créer une entreprise qui soit dotée d’une structure, d’un mode de financement, et d’une gestion qui lui permettent d’échapper aux maux qui ont condamné à de grands échecs la majorité des compagnies aériennes africaines mises en place après l’accession des pays du continent à l’indépendance.
J.M. TCHAPTCHET Veuillez nous résumer les principaux problèmes auxquels ces compagnies, aujourd’hui disparues, n’ont pas été en mesure de trouver des solutions durables.
Gervais K. DJONDO Les compagnies aériennes africaines, telles que Air Afrique, Ghana Airways, Nigeria Airways, … ont disparu notamment pour les raisons suivantes :
Elles étaient détenues par les états qui n’ont pas laissé les mains libres aux dirigeants de ces compagnies de les gérer selon les bonnes pratiques de gestion et de bonne gouvernance ;
Elles étaient sous capitalisées et ne pouvaient donc faire face aux investissements indispensables à leur développement ;
Elles utilisaient des avions obsolètes ;
Elles étaient mal gérées
J.M TCHAPTCHET Vous avez confié à ETHIOPIAN AIRLINES le management de ASKY pendant cinq ans. Pourquoi avez-vous fait ce choix et non pas celui du recours aux grandes compagnies aériennes des Etats-Unis d’Amérique ou d’Europe occidentale ?
Gervais K. DJONDO Nous avons opté pour un partenariat Sud-Sud. En effet, Ethiopian Airlines est une compagnie de plus de 60 ans d’âge, dont les performances sont unanimement reconnues. Ethiopian Airlines dispose à Addis Abeba d’installations qui n’ont rien à envier à celles des compagnies que vous évoquez.
Par ailleurs, nous avons tiré les leçons des échecs récents de partenariat au sein du transport aérien en Afrique, et nous sommes convaincus que Ethiopian Airlines est le partenaire stratégique indiqué pour ASKY. Les compagnies aériennes africaines doivent se regrouper pour pouvoir faire face à la concurrence des compagnies européennes, américaines et asiatiques qui ont compris la leçon depuis longtemps.
J M TCHAPTCHET Le réseau des destinations que vos avions desservent depuis 2010 se concentre sur les pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale. Est-ce que vous avez des plans de couverture future de toute l’Afrique ?
Gervais K. DJONDO ASKY a en effet démarré son exploitation par des dessertes à l’intérieur de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique Centrale, mais étendra son réseau très progressivement vers l’Afrique de l’Est, l’Afrique du Sud et l’Afrique du Nord. Notre ambition, c’est d’arriver à couvrir un jour tout le continent porteur de croissance dans le transport aérien.
J. M. TCHAPTCHET Les crises politiques actuelles ou à venir dans les pays africains, et les problèmes monétaires qui secouent les relations internationales créent-elles des entraves au progrès de ASKY ?
Gervais K. DJONDO L’Afrique traverse actuellement des crises que nous pouvons qualifier d’historiques, qui ont des conséquences sur l’économie africaine et mondiale. Les conséquences sont notamment le renchérissement du prix du baril de pétrole, la difficulté de déplacement pour nos populations. Les compagnies aériennes dont ASKY, subissent de plein fouet les conséquences de toutes ces crises. Cependant, il ne faut pas oublier que le continent vient d’atteindre 1 milliard de population. Il ne faut pas oublier non plus que le continent est vaste et peut contenir l’Europe, l’Asie, la Chine, etc.
J.M. TCHAPTCHET: Excluez-vous ASKY Airlines des grands marchés de transports aériens européens, américains et asiatiques ?
Gervais K. DJONDO Pas du tout. ASKY envisage étendre tès rapidement son réseau vers l’Europe, les Etats-Unis et l’Asie. Nous voudrions d’abord régler le problème africain qui découle du constat que vous avez fait en rappelant la disparition des compagnies comme Air Afrique, Ghana Airways, Nigeria Airways, etc.avant de nous lancer sur les routes internationales. Les problèmes africains doivent être réglés par des africains.
J.M TCHAPTCHET: Je vous remercie