N? en 1943 ? Gary dans l’Indiana, Joseph E. Stiglitz, illustre universitaire enseignant ? Yale, Stanford, Princeton puis ? Columbia sera le conseiller ?conomique de Bill Clinton. En 1997 il deviendra le vice-pr?sident et ?conomiste en chef de la Banque Mondiale, d’o? il d?missionnera en raison des plans impos?s aux pays asiatiques par le Fonds Mon?taire International, des promesses non tenues concernant des programmes de privatisation et le manque de remise en question du syst?me concernant les dimensions institutionnelles et politiques du d?veloppement. Il recevra le prix Nobel d’?conomie en 2001.
Economiste humaniste tr?s attach? aux questions li?es au d?veloppement des pays du Tiers-Monde, Joseph E. Stiglitz appelle de ses v?ux des r?formes des institutions ?conomiques internationales, qui permettraient de r?duire les in?galit?s. Il est l’un des p?res fondateurs de l’?conomie moderne du d?veloppement.
Q: Quel est la principal cause de la crise actuelle?
R: La globalisation de la finance engendre une d?r?gulation importante des flux de capitaux tout en d?responsabilisant les acteurs financiers priv?s qui en cas d’erreur se reposent sur l’?tat et donc par extension, sur le contribuable.
En cas de risque de faillite les institutions financi?res peuvent pousser les pouvoirs publics ? intervenir, ce qui met en p?ril le syst?me dans sa globalit?. Les probl?mes actuels r?sultent de la malhonn?tet? des institutions financi?res combin?e avec l’incomp?tence des politiques.
Je me d?sole de la perversion d’un syst?me dont certaines ?lites parviennent ? contourner les normes ?labor?es en vue d’assurer la s?curisation du syst?me bancaire.
Q: La crise des march?s financiers qui touche les pays d?velopp?s serait-elle la cons?quence d’un dysfonctionnement d? ? la mondialisation ?
R: Ce qui est en cause n’est pas la mondialisation mais les institutions ?conomiques internationales, notamment le FMI, qui sont guid?es par une vision du capitalisme ? l’am?ricaine, per?u comme ?tant le meilleur et l’unique syst?me ?conomique.
La crise actuelle montre les limites de ce syst?me, et ? quel point il est dangereux de lier les sph?res politiques et ?conomiques. Du temps ou j’?tais conseiller ?conomique de la Maison Blanche, nous soutenions un changement dans la mani?re de comptabiliser les stock-options d?tenues par les cadres d’entreprises, mais les opposants ? cette r?forme que sont le Tr?sor, les milieux financiers et les entreprises, ont r?ussi ? bloquer ces r?formes, ce qui a co?t? cher ? l’?conomie am?ricaine.
Q: Que proposez-vous afin de r?former les institutions ?conomiques internationales?
R: Le syst?me de vote devrait ?tre modifi?, en effet les Etats-Unis ?tant le seul pays ? disposer d’un droit de veto au sein du FMI, celui-ci refl?te forc?ment leurs int?r?ts, et puisque les milieux financiers sont repr?sent?s par le Tr?sor am?ricain, ce sont leurs int?r?ts financiers qui priment. Le syst?me de repr?sentation devrait ?galement ?tre modifi?. Le FMI joue un r?le dans les domaines de l’?ducation, de la sant? notamment, ce qui est probl?matique ?tant donn? que les populations concern?es n’ont aucun pouvoir de d?cisions.
Q: Quel est l’impact de la mondialisation sur les soci?t?s des pays en voie de d?veloppement?
R: Les nouvelles technologies ont parfois favoris? la diversit? culturelle mais en parall?le la mondialisation ayant ?t? trop rapide et mal g?r?e, l’?quilibre des cultures existantes a ?t? rompu. Dans des soci?t?s reposant sur des syst?mes traditionnels de solidarit?, les institutions internationales ont parfois instaur? des programmes d’assistance pr?fabriqu?s sans tenir compte des r?alit?s des soci?t?s en questions ce qui ? d?truit certaines structures locales.
Andrea Varadi