Il me faut aviser un lecteur sensible, imaginaire, il devrait m’accorder le bénéfice du doute. D’abord je suis de bonne foi, non provocateur malgré les apparences. Ensuite, il devrait avoir terminé la lecture avant de porter un jugement hâtif ou, d’appeler un contact politique. Nous sommes dans le cinéma. Mieux, sur la route DU. Le cinéphile le sait, l’industrie de cet art fonctionne avec deux notions essentielles : celle qui s’inspire DE, celle qui met en scène LA. Le producteur, les acteurs feront le reste. Ah oui, les actrices citées sont conjoncturelles mais, réelles. Elles me feront grâce de n’avoir signé avec leurs agents. Je crois que ce sera au metteur en scène de s’y souscrire car je me suis tout simplement permis de lire dans un livre d’histoire inédit. Ce que peut-être un cinéaste haïtien ne regardera ou, racontera autrement. C’est l’histoire qui convoquera en effet une femme candidate élue. La perversité n’est donc admise, elles sont rivales en politique. Le reste n’est que coïncidence et apparence. Le titre est : Les Rivales 2015. Non pas du contexte de <> de Francesco Masseli qui met en vedette Claudia Cardinale, même si je l’aime bien. …novembre 2015 !
L’histoire est bien plus complexe en république, tout le monde est menteur d’après docteur Muggah. L’imaginaire dépasse la fiction d’après l’agronome Boulin. Où se situe donc Devers, le barmaid qui lit l’histoire au Blanc ? Laberge est un reporter étranger qui séjourne au pays depuis moins de vingt-quatre heures. Il est assis sur la terrasse du bar l’Air du Temps, d’un grand hôtel situé sur les hauteurs. Un troisième verre de liqueur forte dans le nez, il lit avec entrain l’Alphabet des nuits de Port-au-Prince et, un livre sur les premières dames (de Charles Dupuis), qu’il a acheté en sortant de l’aéroport. Il tend l’oreille vers Devers qui parle dans un mauvais anglais à un tourisme américain portant une grosse monture. Juste en face de lui, un immense poster. L’actrice Jessica Généus, vêtue d’un maxi en velours noir fendu jusqu’au haut de la cuisse gauche, comme si elle s’appuyait sur le mot ‘’CANDIDATE’’ inscrit en colonne jaune à sa droite. Un peu plus loin près de la porte, une lumière tamisée laisse découvrir l’inscription en rouge sur une plaque de marbre blanche. Rivale. Juste au milieu de deux serveuses qui se défiaient du regard. Laberge avale un dernier grand coup qui part avec le glaçon. Ses yeux semblent se confondre pour former un regard qui alerte le touriste au bar. Inquiet, celui-ci s’approche de lui en disant dans un français américain : <<portché vouu=”” bien=”” ?=””>> Laberge s’affaisse sur sa gauche, laisse tomber un bloc note. Un grand titre : Les Rivales 2015.
La revanche de l’histoire est sans appel, cinq candidates émergent, pour une élue. Eclipsées dans le passé, elles représentent la solution aujourd’hui. Mais, elles sont rivales. L’histoire se déroule dans un pays qui depuis l’an UN, a pénalisé ce genre au niveau de la magistrature suprême de l’état. Aucune femme n’a été élue à ce titre. Une chasse gardée ! Le destin a admis UNE nommée au cours de l’histoire. La vieille godichonne a raté le rendez-vous précédant au profit d’un troubadour qui a plongé le pays dans le tourbillon du cataclysme des scandales. Comme si personne n’avait rien vu venir, ce sont ces femmes qui, dans un combat d’émule se lèvent pour attraper le taureau par les cornes. Quatre d’entre elles ont été Première Dame. L’autre était un disciple. La République de Port-au-Prince est sens dessus dessous depuis décembre 2012. Le traumatisme est profond, le schisme aussi. Des hommes lourdement armés sillonnent les décombres et le bas-cartier, le crépuscule annonce la mort. Un écrivain noir décrit l’alphabet des nuits, ça lui a valu une bourde raciste. Il s’appelle Jean-Euphèle Milcé. Georges, le représentant d’un clan littéraire axé sur la couleur de l’épiderme lui annonce tout court : << maintenant tu es des nôtres >>. Ses filles sont nées mulâtres. Un dérivé du problème Noir-Blanc. Le pays est au bord de l’éclatement, la souveraineté est menacée, il faut donc un pacte. Mildred ou Sophia ? L’histoire est scabreuse, Dantor est-elle convoquée sous la forme humaine ?
Personne ne sait si Mildred est haïtienne selon la vision du sénateur du Nord. Que dalle ! Son mari est plongé jusqu’au cou dans un scandale international. Il risque gros. Day, un adversaire politique raciste, forge une rumeur qui la veut en instance de divorce. Avocate, elle sait défendre comme attaquer au Parquet. On dit d’elle une tête froide. Elle est candidate à la présidence. Cependant, sa grande rivale est la docteur Maryse qui ne draine pas le fardeau d’un mari président mêlé à des démêlés. Elle devrait naturellement endosser le leadership de son parti, mais voilà, la femme de l’ancien chef se décide à plonger en politique et prend les commandes. Furieuse, Maryse part avec la moitié de la plateforme qui découvre l’autocratie de l’ancien chef. Elle doit émerger.
Sophia vit l’échec de son mari président qui ne peut se représenter de suite. La constitution le lui interdit. Elle l’a toujours supporté dans l’ombre de sa jeunesse, les temps ont changé. Elle a vécu ses privilèges de Première Dame comme un Super PM qui avait réponse à tout, quand la haute fonction publique, la diplomatie et les trois gouvernements qui se sont succédés n’ont pas répondu aux appels de la population qui sortait d’une première terrible catastrophe, puis d’une deuxième. Elle s’est fait un nom, une réputation, mais surtout un carnet d’adresse. Elle s’en sert. Sophia est une redoutable adversaire qui occupe chaque pouce de terrain libre. Deux pièces rouges, bourse noire, or blanc !
Ce n’est pas une satire, mais, deux candidates sèment l’émoi. Elles ont été Première Dame avec le même président, sous deux mandats différents. L’une divorcée, l’autre au chevet du mari éprouvé par les suites douteuses sur son administration. La rivalité les oppose dans une lutte politique qui ressemble à un combat à finir. Plateforme-foyer. Elles prétendent vouloir sauver le pays de la faillite. Ce sont des hommes qui sont responsables, l’histoire a fait émerger des femmes, elles sont cinq, dont ces deux qui font la paire. Que va-t-il se passer : le barmaid ou les notes de Laberge ?
La République ne pardonne pas. L’alphabet des nuits de cette grande ville décrit comment se faire violence pour y vivre. Le retour d’un ancien dictateur avait enflammé l’opinion publique qui demande de plus en plus des comptes. Le citoyen se refuse nettement à l’impunité, mais tous avaient péché. Comme une boucle, l’accusé du premier niveau risque de devenir le commissaire qui rattrape le dernier exécuteur chez le juge d’instruction. L’économie du droit a ravagé cette république qui ne possédait déjà les moyens de sa nouvelle politique. On avait parlé d’une série de grands procès de l’histoire, mais, celle-ci a pris par défaut ceux qui s’y sont refusés. Les étrangers sont dans le pays et violent spécifiquement les petits garçons, d’où les mères candidats. L’ancienne armée joue désormais de jour, le rôle de manifestant pacifique pour réclamer des arriérés de salaires depuis 18 ans. La nouvelle est réduite à un simple état major. Mais la nuit !
C’est dans ce pays que débarque une meute de journalistes étrangers venus constater ce qu’on appelle ‘’les prémices de la perte réelle de sa souveraineté’’. L’échéancier a provoqué l’émergence de cinq femmes aux élections présidentielles. Nous sommes en novembre 2015 et la République de Port-au-Prince risque de basculer si les femmes échouent aux scrutins. Qui gagnera, mais surtout, avec qui elle rentrera au palais présidentiel ? Un thriller riche en rebondissement et fort en émotions. Etait-ce là le délire d’un Laberge trop vite sur le p’tit verre, la lecture de l’imaginaire d’un barmaid menteur, ou, d’un touriste américain perdu dans le français ? Ou, peut-être la vérité !
Cette histoire peut ressembler au délire d’un épuisé en panne de nouveau film. Une nuance, point est besoin de vous rappeler que nous sommes sur la route du cinéma. Nous racontons ce que nous voyons, mais aussi, ce que nous ne voyons. Non pas nécessairement ce que nous prévoyons, mais, ce qui dans l’œil de la caméra est possible. Est souhaitable pour un cinéma haïtien naissant. Je crois personnellement qu’il ne suffit de parodier le contenu des autres pour faire du cinéma. Mais avant tout : observations, constats, appréciations, faits, silences sont tous des ingrédients qui nous mènent vers un bon scénario. L’histoire de 2015 sera écrite d’une façon ou d’une autre. Une critique cependant, l’évocation de l’Alphabet des nuits dans Les Rivales 2015 souffre d’un peu de confusion. Merci d’y croire !