Pour repenser l’école en fonction des nouvelles réalités et besoins résultant des transformations rapides et profondes qui ont bouleversé notre société postmoderne, nous avons abordé dans les deux numéros précédents les programmes scolaires – le contenu des savoirs à transmettre – et l’approche pédagogique – les manières dont ces contenus sont transmis.
3) la formation des enseignants
La formation des enseignants est le troisième facteur déterminant la qualité de l’école que ce soit sur le plan de l’efficacité de la transmission des savoirs, de la qualité des relations interpersonnelles ou sur le plan de l’équilibre et épanouissement de chaque élève. Ce facteur humain est probablement le plus important. En effet, un excellent enseignant peut dispenser des cours de qualité même dans le cadre d’un système scolaire défaillant qui impose des programmes et des approches pédagogiques médiocres.
La formation commence par le recrutement et la sélection. Actuellement la sélection est basée essentiellement sur des critères académiques et formels, les qualités personnelles sont rarement prises en compte. Pourtant ce sont des traits de caractère comme la souplesse, l’adaptabilité, la créativité, la bienveillance, l’équilibre, la confiance en soi, l’autorité naturelle, le sens de l’équité, une haute exigence morale qui prédisposent les candidats à faire face à leurs responsabilités d’enseignant avec succès.
Le rôle de l’enseignant est déterminant
Prendre conscience de l’importance du rôle de l’enseignant dans la vie de ses élèves, reconnaître le rapport de force implicite dans toute acte d’éducation, prendre en compte que la motivation de l’élève dépend dans une large mesure des qualités pédagogiques et humaines de l’enseignant sont les bases nécessaires de toute pratique pédagogique. Ces constats exigent une grande honnêteté et un certain courage. En effet, s’il est primordial de reconnaître que la motivation de l’élève est déterminée par le savoir faire pédagogique du maître, par sa capacité de capter l’attention des élèves et leur transmettre la passion pour la connaissance, par son aptitude à faire confiance tout en restant exigeant, cela signifie que le maître reconnaît son rôle et sa responsabilité dans l’évolution de la vie présente et future de ses élèves. C’est cet aspect de haute responsabilité du travail pédagogique qui est l’argument principal pour la valorisation de la profession d’enseignant, plus que les aspects matériels et sécuritaires (salaire, vacances, sécurité de l’emploi).
On mémorise mieux les informations qui ont pour nous du sens
Former les enseignants pour qu’ils puissent mobiliser les élèves autour de thèmes ou activités qui ont pour eux du sens, organiser des cours autour des fils conducteurs liés à des activités ciblées permet d’optimaliser les apprentissages.
Des études neurobiologiques récentes ont montré que l’on retient plus facilement les informations qui ont un sens pour nous.
Il importe également de créer des liens entre les connaissances et expériences déjà existantes et les nouvelles connaissances à acquérir.
Eduquer ou formater ?
Au nom de l’équité, les enseignants sont encouragés à opter pour des démarches normatives visant à conditionner les classes à atteindre un niveau commun minima au détriment des élèves plus créatifs, plus rapides ou moins scolaires. Les enseignants devraient être préparés à prendre en charge les élèves individuellement, les encourager à évoluer selon leurs possibilité, leur permettre de donner le meilleur d’eux mêmes sans les comparer les uns aux autres. Cela suppose d’être préparé non pas à suivre des protocoles mais à s’adapter à des situations données aussi diverses ou atypiques soient-elles.
Préparer les nouvelles générations d’enseignants à devenir des éducateurs aptes à faire éclore la personnalité de chaque élève et non pas de formater des individus selon des modèles standardisés est une tâche complexe et exigeante. Assurer une formation de qualité aux futurs enseignants ne requière pas d’augmentations budgétaires mais la remise en question de nombreux préjugés et le renoncement à des positions idéologiques dépassées.
Judit Varadi
Merci d’adresser vos r ?flexions et questions ? Judit Varadi par e-mail : diva.international@gmail.com ou info@ecole-varadi.ch ou par t ?l ?phone au 022 736 28 74